Les Grilloux
J'ai cru longtemps que le site saint pomponnais des Grilloux datait de la préhistoire. Les vestiges des Grilloux surprennent par la taille des blocs mis en oeuvre, et ne ressemblent ni aux "bories" construites par les bergers ou cultivateurs de la région depuis des milliers d'années ni aux ouvrages romains connus. D'où l'hypothèse d'un site plus ancien !
On peut y voir un mur de soutènement long d'environ 100 mètres et les ruines d'un bâtiment construit lui aussi avec d'énormes blocs calcaires.
Les archéologues ont maintenant très bien compris (et expérimenté eux-mêmes) la mise en place de murs cyclopéens. Sur le site des Grilloux, la manutention des blocs calcaires était facilitée par la topographie du lieu : les pierres probablement extraites plus haut sur le coteau pouvaient être acheminées en profitant de la pente du terrain. L'utilisation de rondins de bois, de cordages végétaux, de la traction animale et/ou humaine, était bien maîtrisée, sans souci de temps ni de rendement ...
Les données les plus récentes fournies par les géologues nous prouvent que ces ruines sont "récentes" : en effet, le calcaire de type kimmeridgien utilisé ici résiste pas plus de 2 siècles à l'air libre.
Il faut se rendre à l'évidence : ces vestiges, bien que très différents des cabanes en encorbellement construites à la même époque, sont l'oeuvre d'agriculteurs du 18ème ou 19ème siècle. L'essor de la vigne en Périgord Noir avait commencé au Moyen-Age, mais prit une autre dimension au 18ème siècle. La construction de cabanes allait de pair avec l'épierrement des parcelles de vigne, et le savoir-faire des bâtisseurs n'a fait que progresser : les cabanes les plus récentes sont les plus élaborées.
Que le site des Grilloux soit récent ne remet pas en cause le courage et la hardiesse de ses bâtisseurs ! Mais une question demeure : pourquoi n'ont-ils pas copié leurs voisins ? Ont-ils pensé que l'emploi de gros blocs permettait une construction plus durable ? Se sont-ils lancé un défi ? ou ont-ils profité tout simplement de ces gros blocs qui étaient sur place et les gênaient ?
C'est étonnant de constater que la mémoire collective n'a pas gardé trace de leur souvenir !
Petite précision : appeler "bories" les cabanes en pierre sèche n'est pas une habitude périgourdine ; c'est une "importation" des années 1970.
D'après Christian Lassure, historien qui s'est spécialisé sur ce type de construction, il faudrait dire "construction à pierre sèche".
Et que tous ceux qui ont parlé de "cabanes gauloises" abandonnent définitivement cette idée, mais soient fiers de leurs aïeux qui ont sué pour réaliser ces cabanes !
Rédacteur : Jean Tabanou
Mur de soutènement long d'environ 100 mètres.
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